Voici une aube pâle et gelée, qui se lève sur un lit de brume léger... L'atmosphère est encore humide d'une pluie récente, augmentant le froid ambiant qui souffle sur les vallons blanchis.
L'hiver est passé mais le printemps est encore bien frais. Les matinées sont rarement tempérées et les voyageurs peuvent en souffrir -le nez et les doigts rougissent, les pieds se désensibilisent...-. Il faut marcher et se secouer.
Combien de jour se sont passés depuis la vague des Morts ? Depuis que Castel-Fol et ses environs sont tombés... que Marben est sur les routes ?
Il n'a rencontré que trop peu d'âmes, vivantes ou mortes, pour avoir l'impression d'être l'un des derniers Hommes sur terre.

Autour de lui, le silence des champs fertiles résonne de désolation. Si la saison qui mène au printemps teinte le monde de ses couleurs moribondes, l'aspect de l’horizon n'est pas plus rassurant. Il y a des fumées qui révèlent les positions de villages détruits ou sauvagement attaqués par des groupes de survivants affamés ? Marben doit trouver un îlot où se réfugier... Il a faim, il a soif... il est fatigué de veiller la nuit.
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Heureusement, la route guide ses pas vers Bellefosse. Si l'idée de ne pas suivre un sentier pour éviter les attaques faciles a pu lui traverser l'esprit, il pourrait s'attendre à rencontrer des êtres vivants pour l'aider, le renseigner ? La réalité c'est qu'en dehors des routes tracées, Marben a du mal de se diriger. Il a besoin de cette ligne sous ses pieds pour espérer gagner une ville proche.
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Le soleil monte dans le ciel. Midi pointe son œil morne et les nappes de brumes rétrécissent... Les plaines détrempées se colorent doucement d'une clarté d'or... offrant à Bellefosse un cadre salutaire.
Quelques fumeroles s'élèvent derrière son enceinte de bois et de pierre. Des barricades ont été ajoutées, le terrain autour de la ville est en partie retourné et l'on sent que, malgré tout, la vague des Morts a fouetté les rivages de cette bourgade.
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Bellefosse reste un bourg composé de plusieurs centaines de maisons et autres bâtiments. Au dernier recensement, la population comptait neuf cent trente et un individus... Qui sait combien sont partis et combien sont venus s'y réfugier depuis ?
Jusque là, Bellefosse avait la réputation d'être une société ouverte vers l'extérieur ; elle accueillait tous les peuples et faisait tourner son marché en vendant des céréales et du bétail. Aujourd'hui, la plupart des champs sont ravagés.
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La route qu'empreinte Marben traverse une partie habitée, externe à la cité. Les trois quarts des bâtiments, laissés là sans protection, ont été rasés par les combats.
Il n'y a plus aucun corps mort dans les rues de terres battues... mais une misère flagrante.
Les Hommes qui vivent ici sont misérables, malades pour la plupart et blessés pour nombre d'entre eux. Ils payent les conséquences de leurs vies hors des murs.
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Les gardes qui tiennent l'entrée de la ville fermée observeront Marben d'un œil attentif et l'arrêteront pour le fouiller. On le laissera passer sans questions... à moins qu'il n'entame une conversation.
Dans le cas contraire, une route pavée remplacera le sentier de terre. Devant lui, des rues se dessinent autour des maisons de bois et de pierre ne dépassant que rarement les deux étages. Des charriots transportent des tonneaux, des sacs de toiles dégonflés... Si la brume s'est levée, la grisaille s'est imprimée sur les visages qu'il croisera.

Compétence:

Marben découvre le monde de la pire des façons. Mais ce préambule reste malgré tout heureux dans sa noirceur glaciale -il est encore sauf, il a toutes ses dents et tous son or-.
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L'homme qu'il apostrophe vient tout juste de se placer devant sa charrette à bras. Se positionnant afin de la tirer pour la déloger des rainures du pavé, il mettra une seconde avant de comprendre qu'on l'interpelle.
Ce citoyen lambda, couvert d'une chaude fourrure, observe le malandrin d'un regard morne. La peau crasse et le pore épaissi de ses premiers labeurs du jour, il renifle derrière sa moustache drue avant de l'en débarrasser d'un surplus humide en y frottant l'épaule.
Les bras de bois resteront figés entre ses doigts calleux, son œil droit se pincera tandis qu'il écoute l'étranger lui tenir la conversation.
"Si tu cherches une bonne auberge y'en a une pas loin... Continue dans cette direction." Indique-t-il d'un mouvement du menton, avant de re détailler l'étranger de bas en haut puis de tirer sèchement sur sa charrette pour la sortir d'une glissière entre deux pierres.
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Marben pourrait bien retenir l'homme qui s'engage avec son chargement inconnu sur le pavé... ou suivre la direction indiquée.
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Remontant l'artère, il croise sur lui des regards circonspects. Le pauvret n'est clairement pas en tenue comme tout le monde mais... au delà de ce constat, il voit surtout des expressions aussi fatiguées que la sienne, voire trop harangue ou trop fière pour sembler honnête ?
On ne lui barre pas la route, on ne le siffle pas au milieu d'un groupe... mais il ne passe pas inaperçu au milieu des travailleurs qui jalonnent la rue.
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Heureusement, un écriteau lui pendra bientôt au dessus du front.
"Aux quatre poulets ****".
Tenue par un certain Moriobe Vieilger -dont le nom figure sur la porte, gravé sur une plaque de métal et qui cache mal un bois rayé par le dessous- l'auberge semble être très correcte.
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De forme rectangulaire le bâtiment se compose d'un rez-de-chaussée et de deux étages. L'architecture de la maison est assez banale et se fond parfaitement à celles qui s'y collent.
Au rez-de-chaussée, se trouve une pièce pouvant contenir au maximum trente personnes. Au centre de la taverne, une imposante cheminée réchauffe une salle aux sonorités joyeuses et aux effluves d'épices grillées.
Dans le fond se situe la cuisine.... d'où émane un fumet de "poulet aux épices" et qui mettrait n'importe quel estomac dans les talons d'envie.
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Aux étages se trouvent des chambres, quatre salles sobrement décorées avec la possibilité de bénéficier d'un bain.
L'établissement met en avant -sous le nom du propriétaire- la liste des services suivants :
-Chambres, 8 salles propres.
-Un barbier, qui peut faire n'importe quelle fantaisie dans les barbes les plus fournies
-Un petit commerce, proposant le plus Courant -seulement-.
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Si Marben souhaite pénétrer la salle, il n'aura qu'à pousser la porte.
Ne tient qu'à lui de chercher une autre auberge ou taverne pour s'installer.
Dans le cas où les Quatre Poulets soient suffisamment bien pour lui -et surtout sa chair, bleuissant à vue d’œil-, il découvrira une salle chaude, pavée de larges dalle grise et vivante d'une ambiance quasi-pleine.
Néanmoins, il trouvera sans difficulté une table disponible...
Souhaite-t-il se mêler à la populace ? Ou s'isoler dans un coin ?
Aurait-il besoin, par ailleurs, de trouver une échoppe plus fournie que celle dont semble disposer l'auberge ?
A l'arrière du comptoir, une porte camouflée d'un rideau fait office d'entrée à la boutique. On le recevra au bar au milieu des piliers déjà installés.
Le gérant est un homme charpenté au crâne chauve. Il porte une chemise sans manche et un chiffon coincé à la taille. Occupé à service ses plus proches clients, il mettra un instant avant de prendre en considération la présence d'un nouveau venu.
Pour le reste, un serveur et une serveuse dansent autour des tables avec des plateaux chargés. Il peut tenter d'en 'attraper' un. Ou d'attendre son tour en s'installant simplement.

La chaleur de la taverne offrira un retour de frisson à Marben... Après son errance, l'établissement est un soupire d'aise dans son périple. Pour sûr qu'il y trouverait de quoi rassasier ses besoins premiers.
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Au comptoir, l'aubergiste lèvera rapidement l’œil sans interrompre son œuvre au service. Il se retourne, rempli deux pintes et les dispose  devant ses clients. Puis, rejetant son torchon sur l'épaule, il s'accoudera au bord de son bar et se penchera vers Marben, plantant ses yeux bruns dans les siens.
"Salut, qu'est-ce que je peux faire pour toi."
Marben commande un plat que l'aubergiste validera d'un geste vers la salle, captant immédiatement le regard de l'un de ses deux serveurs. Repositionnant son bras en travers du comptoir, et au milieu du brouhaha proche, il entend la suite de la demande et se met à papillonner.
L'homme inspire profondément et redresse l'échine, bombant presque le torse avant de soupirer un rire surpris :
"D'où tu sors mon gars..."
"Encore un réfugier... comme si on avait d'jà pas assez de bouches à nourrir dans l'coin..." maugrée un vieil homme à l'odeur collante juché sur un tabouret devant le bar.
"Toi tu n'fais pas qu'te nourrir.

Rha ça va, faut bien remplacer ceux qui manquent..." Rétorque bêtement le gérant avant de rediriger l’œil sur Marben.
"Et tu veux savoir quoi sur ce bourg, l'ami..."
Balayant la salle de son bras libre il ajoute :
"Comme tu l'vois on s'en sort encore pas trop mal de cette guerre. Mais chacun doit participer à l'effort."
"Si tu veux mon avis, tout ça va retomber comme un soufflé au fromage. On a pas gagné la guerre, on a survécu." tremblotte le vieillard en levant le coude.
"Mouais... Ça nous empêche pas de fêter ce qu'il nous reste." Dira d'un ton amer son voisin au flanc opposé -un homme d'âge moyen aux joues noircies de suie.
"Quand on s'rendra compte que les stocks sont bas on va s'prendre un retour de pelle, j'vous l'dit. On s'ra bon pour se taper les trois terreurs... La famine, la maladie et la haine. On s'finira comme des grands."
"Hého, vous souillez mon ambiance les gars. Profitez donc encore un peu. Faites votre gras on sort de l'hiver. Demain est un autre jour."
"On vera c'que tu diras quand ton établissement d'vra fermer parce que l'or vaut plus rien et que ta bière coupée à l'eau fera même fuir les ânes..."
"Tss. Ton verre est vide, j'te resserre ? J'ai une chambre de libre si tu veux t'allonger." Propose l'aubergiste d'un air blasé avant de reposer les yeux sur Marben.
"Tu viens d'où comme ça..."