Aran n'a pas assisté à la réunion des Premiers-né dans la 'Cathédrale Rouge'. Séparé de Fordred à l'aube, il a été raccompagné à un portail par quelques Déviants silencieux et mal-embouchés.
Ce n'est qu'une fois présenté à la porte destinée au transfert, qu'on le charge de prévenir son 'Ordre' que les Sang-purs du Nord et du Sud ne s'accordent à leur participation dans cette guerre.


-Le Sud ne voit pas l'intérêt d'entrer dans un conflit ouvert, tant que la menace ne vient pas s'écraser contre ses remparts imprenables- lui dit-on. -Et le Nord ? Lovyr pressent bien que son Marché du Sang va s'effondrer et il met en garde le Sud, en la personne d'Andraal, contre l'arrivée des Morts qui ne s'arrêteront à aucune frontière.
Si le Nord des Hommes brule, le Sud tombera à son heure et les cultures d'humains entre leurs murs, deviendront stériles, impropres à la consommation et aliénées par le sang, le manque de soleil...
Il est important de créer des roulements dans le 'bétail'. L'Homme qui grandit dans les Cités Noires devient mou, sans saveur et sa progéniture se fait cendre dans la bouche.
Si l'Humanité disparait dans les 'champs de liberté', alors les Sang-purs devront négocier avec Sirgull une reddition qui sera difficile à obtenir... Les Nocturnes n'auront aucun levier de négociation... rien qui ne puisse leur permettre d'en ressortir grandit.
Et il y a pire. L'on dit qu'au Nord un Messager Morbide a été levé et qu'un autre a rejoint les rangs de Morts. On parle d'une Brume Mortelle et d'un tas de Cadavres Grouillants. L'Exuvie et L'Ombre de la Mort. Deux noms qui n'ont vraiment rien d'engageant dans l'espoir de survie.-
Quand à Fordred ? Si Aran pose la question de son sort, le Déviant en charge de son transfert lui répondra que -le Nécromant a gracieusement été offert à Lovyr par Andraal. Et qu'il quitte les Domaines du Sud pour ceux du Nord, accompagné de Zah'a.-
Voilà pour le blond.

Le portail l'avalera, et le voici de retour pour l'Ordre, sur le chemin qui lui fera rejoindre celui d'Elric, de sa monture et de ses Frères restés sur place à Castel-fol.
Lorsque son corps lui est rendu sur le monde matériel, le blond se laissera éblouir par la clarté diurne qui ignore le pays Nocturnes. Il réapparait dans cette 'chapelle' destinée au transfert par portail, dans cet endroit clos, dressé dans la pierre et protégé sous voûtes.
Seul, il ne croisera le regard d'un Frère qu'une fois sorti dans la cours intérieur de la forteresse.
La terre battue et les pavés sont blancs de givre. La brume avale les remparts qui cerclent les bâtiments, sur cette colline qui domine Castel-fol. A cette heure, la vie se traine un peu. Elle a du mal à se réchauffer et s'agite difficilement aux taches quotidiennes.
Vers les écuries, les palefreniers s'occupent des montures -dont la sienne-. Du côté de la forge le marteau ne teinte pas, mais l'on entend le soufflet qui cherche désespérément à combattre le froid pour blanchir le fer. Du côté de la porcherie, un cri retenti, long et irritant, strident... Il est probable qu'un Frère soit à la tache d'égorger un porc pour en récupérer sang et chair.

plan:

Personne ne viendra à la rencontre d'Aran, sauf s'il regagne le bâtiment principale. En regagnant la salle commune, il est probable qu'il y trouve Elric, mais il pourrait tout aussi bien rejoindre la commanditaire de sa mission pour lui parler immédiatement de ce qu'il a vécu...

Aran fulmine de son éviction au Conseil des Nocturnes de la Cathédrale Rouge. Il avait tout fait pour préparer Fordred à y survivre, à parler 'bien', à ne pas s'étendre devant les Premier-nés, de sorte de ne pas lier l'humanité à son propre sort...
Le voilà renvoyé, en vie, dans son Ordre avec l’amertume en bouche.

Quittant la 'chapelle' au portail, le blond traverse d'une traite la cours pour retrouver le bâtiment principal. La mine austère et refroidie par la brume, le corps central de la forteresse l’accueille dans un abris sans vent et sans gel. Il fait ici bien meilleur qu'à l'extérieur, mais l'homme n'est pas là pour se vautrer. Il a un rapport à faire et non des moindre.

Empruntant escaliers de pierre et couloirs, le 'diplomate' longe plusieurs portes closes avant de s'arrêter devant celle d'une supérieure -celle là même qui l'avait missionné avec Elric-. Il s'annonce, il frappe. S'il patiente une seconde une voix lui donnera la permission de passer son pallier.
La pièce qui se présente est assez exiguë. Il sera invité à approcher,  même à prendre place devant celle qui se tient là, assise. Au centre de la salle, encadré par des murs couverts de boiseries et d'étagères, un bureau massif et sombre retient une femme dont le visage n'est pas inconnu au jeune homme.
Il y a plusieurs têtes dirigeantes chez les Frères. Elles exercent diverses fonctions et s'accordent souvent lors de Conseils plus où moins retreints.

"Vous voilà. Votre partenaire nous a fait son rapport le soir passé, nous commencions à penser que vous ne reparaitriez pas...
Je vous écoute." Commence par ponctuer la femme en prenant une plume, un encrier et un parchemin.

La femme derrière son bureau reste assise. Sa plume se fige sur le parchemin, y répandant son encre dans ses fibres, d'une tache lente et noire. Elle dévisage Aran, perdue dans ses pensées tout autant qu'elle lui accorde son attention. Lorsqu'il lui tend le livre, ses sourcils se froncent. La supérieure récupère l'ouvrage et le pose calmement à son côté.

"... Oui. Elric a fait son rapport et nous a parlé de Vara Longuenuit et de ce Fordred venu de Qaïn."
Prenant alors quelques notes de façon mécanique, l’œil penché vers son écrit, elle continue :
"Le temps que vous avez passé chez les Nocturnes, à apprendre que Lovyr sera 'intéressé' à l'idée de sauver son Marcher de l'Ombre avec les Hommes du Nord... nous avons collecté des informations nouvelles sur les Longuenuit.
Cette famille de défenseurs, de mages et de guerriers, s'est menti à elle-même pendant des générations. Elle a été couronnée de fierté pour ses entreprises de protection de l'humanité contre les ténèbres. Elle a fondé le premier Conseil de Qaïn et s'est élevée de génération en génération sur des principes de bonté et de loyauté.

Ce que nous avons recensement appris, c'est que les Longuenuit ont changé de nom. Cette famille porte le lourd secret de son lien direct avec Sirgull. Il se peut que Vara l'ait appris à ses dépends. Bon nombre d'entre eux l'ignoraient. Ils ont toujours été vus comme de fervents guerriers et mages... la fierté d'une victoire. Pas sa chute et sa honte." dira-t-elle sans pour autant relever les yeux.

"Si les Nocturnes engagent la défense de leurs intérêts financiers et... nourrisier..., que Lovyr interrompt sa guerre intérieure pour se pencher vers le sorts des Hommes au Nord, alors nous bénéficierons de son appui sans que ce n'soit officiel. Il va œuvrer à l'échec de Sirgull d'une façon ou d'une autre, dans l'ombre.
C'est un 'espoir' mais tout ceci manque de forme. Nous informerons nos espions à la Cité Impériale, pour qu'ils dirigent leur attention auprès des Masqués.
En ce qui vous concerne, vous connaissez Vara et je ne vous empêcherai pas de tenter de le retrouver si vous pensez que son cas n'est pas désespéré. Même s'il l'est, qu'il soit en 'vie' devient un problème."
La guerrière s'arrête d'écrire et croise ses mains devant elle, plantant son regard dans celui du blond. Elle marque une légère pause et l'informe :
"Qaïn a récemment appris que le lien Humain de Sirgull a été tué dans un temple de Mort, caché dans les Monts Verts. Il s'agissait d'une jeune fille liée à lui, comme Vara l'est...
Cet endroit découvert est le premier bastion de Sirgull. On rapporte que les lieux étaient vides lorsqu'un groupe d'aventuriers s'y est introduit..."
Détachant l'une de ses paumes pour écarter des doigts une pile de notes, elle lit quelques lignes et résume :
"Il y avait parmi eux deux mercenaires dont j'ai ici les noms, un certain Farken et Herken, deux frères, ainsi une élève de Qaïn qui a 'mystérieusement' disparue depuis... Ces deux hommes savent où se est le temple, vous pourrez les trouver à l'auberge "A la Marmotte Verte***", ce sont des habitués."
Une fois de plus, la femme relève le regard vers Aran et lui tend une bourse :
"Voici vingt pièces d'or pour votre mission à suivre si vous la prenez. Faites-en bon usage.
Retrouvez Vara, raisonnez-le ou tuez-le."

'Qui aurait pu se douter qu'il s'agissait d'un dilemme aussi terrible ?'
"Peut-être que le mage le savait... Au regard de nos échanges avec Qaïn, il est très probable que son cas passe en jugement. Il est impliqué depuis le début dans cette affaire et la disparition de l'ancien Conseil dans les Cryptes Maudites à freiné l'enquête.
Elle reprendra, afin de déterminer les actes et conséquences des actions et inactions de cet homme face au danger qui menace l'humanité aujourd'hui." Dira-t-elle en cillant lourdement.

"Nous ne savons pas grand chose sur le 'lien humain'. Qaïn va préparer le procès de Fordred et doit encore rassembler les rapports qui le concerne, les témoignages qui ont survécu dans les Cryptes Maudites, lors de la relève du Premier Nécromant.
Peut-être trouverez-vous une partie de ces réponses pendant votre voyage."

La boutade d'Aran ne sembla pas trouver bon public et la supérieur se contenta de le regarder rire sans commentaire. En revanche, elle rebondit sur un point :
"Nous sommes conscient que tout ceci semble être pris à la légère. Mais la situation est complexe, elle frappe sur tous les fronts et notre plus imminente et tangible menace reste celle des armées Sud qui approchent. Sirgull n'a pas agit depuis un moment et il doit se réorganiser après avoir échoué à rallier les Héritiers de Berith.
-soupir-

Bonne chance."