Nephinae endosse le meurtre affreux d'une enfant.
Elle l'a fait de ses propres mains pour ne pas entacher la réputation de deux mercenaires déjà expérimentés, là où sa candeur était toujours intacte. Elle a tué une jeune fille enchainée en sachant que, si elle le faisait de ses mains, elle serait la seule a être jugé pour un éventuel crime révélé dans son abomination...
Cet aveux est effarant de naïveté et le Mage en tombe dénue. Mais pas seulement parce que Nephinae a été capable de décapiter une fillette enchainée...
Son regard alourdit tombe au sol et s'y fige, disparaissant dans ses pensées.

Lorsque la jeune femme évoque l'Exuvie 'vue' par Farken, ce dernier la transperce d'un regard bovin.
"Ha ouais... j'lui ai cherché un ptit nom toute la nuit mais le tien est beaucoup plus classe.
J'pensais la nommer Boule-de-Nécrose..." Lance-t-il d'un air blasé tandis que Herken soupire d'un raclement au fond de sa gorge.
"... y'a pas à dire on est un groupe super soudé. On s'dit déjà tout." Pince-t-il en croisant ses bras de mécontentement.
"'bien l'air d'un con." peste-t-il à voix basse.

L'Exuvie. En voilà un mot qui soulève des questions... Sauf pour le Mage qui semble rester absent, transit dans un frisson qu'il peine à dissimuler.
Mais lorsque la jeune fille entre dans le détail du rôle de la demoiselle qu'elle a tué, son attention papillonne, toujours accrochée au pavé de sa salle.

"Bien !" Dira-t-il en souriant soudain, s’exclamant comme le chant du coq réveil l'endormit et redressant la nuque en claquant ses paumes devant lui. Il gardera ses mains jointes à plat pour s'adresser à ses convives.


"Si vous le permettez tous, j'aimerai parler de ce témoignage à mes Confrères."
Son rictus s'efface à nouveau et son attention s'égare un très bref instant contre un vide.
"Et je vous demanderai de ne pas quitter Qaïn avant d'avoir rencontré le Conseil. Si vous pouviez suivre Nephinae jusqu'au septième étage... le temps que je fasse mander mes Confrères, je vous en serait gré..."

Il indiquera la porte de ses appartements d'un mouvement rapide du bras et dans un froissement de ses tissus amples.

Tarinsel laissera d'abord sortir les étrangers de son bureau avant de les suivre et de s'en séparer... Si tout le monde décide de se rendre au dernière étage, il ira faire chercher le Conseil pour le réunir. Et si tout le groupe emprunte les escaliers courbes qui entourent la tour de Qaïn, il est à parier que, dépassés le premier pallier réservé aux magies et bondé d'élèves en attente, ils ne croiseront plus une âme errante sur les étages suivants.
Jusqu'au septième.
Ce niveau particulier, réservés aux éminents, possède deux salles fermées, un astrolabe gigantesque et probablement unique en son genre ainsi qu'une terrasse ouverte.

Pendant l’ascension, la troupe pourra se taire ou parler.
Farken n'est plus bien sûr de vouloir l'ouvrir... pour la première fois de sa vie.

Dépassée, mais surtout abattue par la situation, Nephinae se laissa mollement choir dans le siège qu'on lui eut offert à la fin de ses aveux. Elle relèvera ses yeux rouges et enflés vers le mage pour observer et tenter de deviner la soudaine expression de son ancien enseignant. Ce n'est que lorsque Farken brisera le silence de son commentaire que la brunette détachera son regard du mage pour le poser sur l'assassin, l'air nouvellement froissé et piqué à vif par l'attitude de ce dernier. Elle se lèvera même pour affronter directement le brun en guise de réponse, plus amère qu'au départ.

"Quoi ?... J'viens littéralement d'avouer que j'ai fait ça pour que vous puissiez vous échapper en cas de problème, pour vous sauver le cul, et tout ce que tu trouves à dire, c'est que je t'ai pas causé comme tu l'aurais souhaité ? En temps normal, vous auriez dû le faire à ma place... Sérieusement, tu t'prends pour qui ? T'es mon mercenaire, je suis ton employeur, j'ai pas d'obligations envers toi."

Néanmoins, avant qu'elle n'aille la chance d'exprimer d'avantage son mécontentement envers Farken, son attention fut rapidement détourné lorsque Tarinsel s'exprima à nouveau. Ce sourire, cette nouvelle expression la déstabilisèrent et l'inquiétèrent soudainement. La bouche s'entre-ouvrant, Nephinae ne put s'empêcher de dévisager l'homme et de reculer d'un pas, et lorsqu'il leur proposa de quitter ses appartements pour rejoindre le septième étage de Qaïn, Nephinae s'empressa bien évidemment de retrouver le hall à l'extérieur. Si Farken est dans son chemin, elle lui heurtera volontairement le bras de son épaule avant de partir, mais l'impact rebondira d'avantage sur elle et lui fera légèrement mal au bras, qu'elle frottera subtilement à sa sortie sous une grimace. S'il n'est pas dans son chemin, elle ne fera rien hormis tirer une vilaine moue.

À l'extérieur, Nephinae ne réalisait pas encore totalement ce qui venait de se passer, entre ses aveux, le comportement de Farken et celui de Tarinsel. Elle avait ce sentiment lourd d'être contre le monde entier, d'être seule dans ce périple épineux. Sans mentionner cette future rencontre avec le conseil, qui l'angoissait d'autant plus. Hâtive de connaître ce qui allait bien se passer par la suite, la mage ne perdit pas de temps et rejoignit les escaliers, sans regarder derrière si on l'a suivit ou non.

Compétences:

Pour son plus grand déplaisir, Sylas vit son interrogation passer inaperçu. Il soupira discrètement puis leva les yeux au ciel lorsque Nephinae décida d'affronter verbalement son mercenaire. A ce moment-là, le demi-elfe, qui refusait d'assister à une nouvelle scène de ménage, comme celle de la veille, fut prêt à intervenir pour interrompre une possible dispute, mais heureusement l'exclamation soudaine de Tarinsel attira toute l'attention.

L'annonce du mage étonna le chasseur de nocturnes. Finalement, le groupe allait être en mesure de rencontrer le Conseil. Sylas n'avait aucune idée de la suite des événements. Est-ce que les mages seront capables de leur donner une solution pour arrêter Sirgull ? Est-ce que leur magie pourrait l'arrêter ? Est-ce que le premier Necromant de la ville dont a parlé Farken sera leur cible ? A nouveau, trop de questions se bousculaient dans sa tête. Il n'aimait pas être dans le noir, sans réponse.

L'air sombre, le visage fermé, Sylas suivit ses compagnon sans dire le moindre mot lorsque Tarinsel leur conseilla de rejoindre le septième étage de la tour. Son esprit était trop préoccupé par tous les problèmes qui lui faisaient face comme la présence des Nocturnes dans la capitale ou bien la volonté d'un fou d'éradiquer les vivants.

La réplique de Nephinae enflamme Farken.
Le mercenaire relâche sa mâchoire inférieure et fronce les sourcils d'un air théâtralisé dans l'outrage. Débloquant sa respiration il avortera un pas en avant, stoppé par Herken. La masse du frère occulte la vue de l'assassin qui se hissera alors sur la pointe des pieds afin de reconnecter un regard perçant à celui de la donzelle.
Il semble que l'insulte soit assez grande, cette fois, pour qu'il se pique d'une vague mêlée de 'jeu' et de vengeance... Il pointe la 'fillette' de l'index et ses lèvres articulent sans le dire le mot : 'toi', d'un air insistant et carnassier.

Tarinsel reprend la parole, guide tout ce beau monde vers le hall et le laisse monter au septième étage.

Cette fois, Nephinae en tête sera précédée par le guerrier qui retient Farken en arrière... L'assassin fulmine et se retient en montant, jetant un œil dans son dos sur la silhouette de l'elfe qui les suit en silence.
Le pauvre...
Voilà un étranger bien malgré lui lancé dans une action sans que personne ne lui adresse à la parole. Il n'y a même pas un leader dans ce groupe, qui soit capable de faire un peu de cohésion en apportant quelques lumières ? Pas une âme directrice pour faire en sorte de le faire se sentir concerner.
Il est vrai qu'un esprit supplémentaire serait superflu.
Visiblement.

Mais Farken ne dira rien. Il se contente d'inspirer profondément en se repositionnant face à la montée des marches...
C'est pas son travail.
Il commence même à ce demander ce qui le retient ici, lui et son frère. Ils pourraient se trouver un petit coin en sureté... pendant que la fin du monde emporte tous ces cons.

Le dernier étage se découvre et emporte un instant le voile sombre qui plane sur le front de l'assassin. Herken observera son frère se détacher du groupe pour se positionner au pied de l'astrolabe. La structure se dresse dans un coin de la salle ronde...
"Merde mais c'est quoi ce truc..."
Souffle-t-il tandis que ses yeux sondent cette boule de métal suspendue sur son socle géant, et entourée d'éléments incompréhensibles.

Il ne faudra pas beaucoup de temps de silence supplémentaire pour que des bruits de pas s'élèvent de l'escalier. Le Conseil des Sept se présente enfin.
Hommes et femmes de tous âges et de toutes confessions magiques, choisi parmi les plus sages et les meilleures d'entre tous...

La troupe s'avancera vers le fond de la pièce tout en observant les quatre étrangers qui se tiennent là, à les attendre.
Chacun des professeurs et pratiquants des arts de la magie, dévoilera une pièce métallique accrochée autour de leur gorge. Toutes les parties s'imbriquent sur une large porte de fer afin d'activer un mécanisme d'ouverture.
Lorsque la porte s'ouvre, Tarinsel fera signe au groupe de mercenaires et ancienne élève de le suivre.

Cette nouvelle pièce qu'ils pénètrent épouse la base ronde de la tour. Elle avoisine la trentaine de mètres carrés.
Au fond devant l'entrée, elle expose une estrade de bois en forme de U, investie par des tables accolées sur un côté et formant un conseil ouvert en direction des invités.
Les mages prennent place sur sept chaises. On demande alors au groupe de refermer la porte et de venir s'installer au centre du carré de tables surélevées et ouvert.
Une grande fenêtre s'étend en arrière de ces tables qui leurs font face, dévoilant un ciel gris et glacé, sans horizon visible. Le contre jour imposé brouille le détail des visages.

"Nephinae Forestdale..." Entonne une voix féminine.
Ce timbre, l'ancienne élève le connait bien. Il s'agit de la professeure en magies d'Ensorcellement et de Chantelame.
"Vous venez ici porteuse d'un sombre message... et vous n'en comprenez pas la gravité. Ceux qui vous accompagnent sont désormais mêlés à votre curiosité. Une curiosité morbide qui vous a menée hors des frontières de cette Capitale pour investir les murs d'une nécropole perdue."
"C'est un chemin dangereux que vous avez arpenté." Ajoute sans transition une voix plus âgée et masculine... inconnue à la jeune fille. "Beaucoup de mages y ont laissés leur raison, beaucoup d'Hommes y ont perdu la vie.
Mesurez votre chance d'être encore 'ici' et en pleine possession de vos capacités mentales."

"Mesdames et Messieurs." Coupe Tarinsel en se levant dans un raclement de chaise contre l'estrade en bois.
"Il me semble que l'heure est mal choisie pour monter un Conseil disciplinaire..."
"Sire Tarinsel, à raison... L'Héritière de Sirgull a été éradiquée et, selon les dires de cette jeune fille, le Temple de la Mort est vide..." Le coupe une nouvelle voix masculine qui soupire enfin.
"Nous devons accélérer nos recherches."

Une seconde de battement laisse finalement à Tarinsel la parole :
"Vous êtes tous les trois... les quatre..." corrige-t-il en incluant l'elfe à son propos "... désormais intimement liés au destin tragique qui nous attend si nous laissons Sirgull l'emporter.

Le Premier Nécromant est revenu à la vie il y a plusieurs semaines. Il a permis aux Morts de quitter les territoires Rouges. Il a rouvert le Temple de la Mort dans les Monts Verts... Il est désormais à la recherche des Messagers de Niril pour s'assurer une victoire totale sur la vie.
L'Exuvie est une immondice dont nous redoutions le retour. Jusqu'à lors on la disait perdue dans les Terres Rouges du Nord. Personne n'en a jamais plus parlé.

Depuis que le Conseil des Libre-Pensants a été reformé, nous anticipons au mieux ce genre de pion placé sur l'échiquier.
Sirgull fera absolument tout son possible pour devenir le Maître de la Mort sur cette terre et il commencera par éradiquer l'humanité pour gonfler ses armées."
Il inspire profondément et ajoute dans l'instant :
"L'Histoire raconte que Seri a fait naître la magie dans le monde. Elle a investi les Hommes de ces pouvoirs avant toute autre créature.
Le fait est que ce don a été souillé par le dieu Morbide qui a détourné le pouvoir de résurrection pour en faire son avantage.
Nos recherches n'ont portées leurs fruit que très récemment... Nous savons désormais qu'un objet légendaire est ici... dans cette Capitale... dans ses entrailles... mais la tache est vaste.
Il s'agit de l'Orbe de Vie... et elle renferme le pouvoir pur de la résurrection... celui qui relève les morts sans les altérer..."

"Cette artéfact permettrait, entre autre, de réduire l'Exuvie qui n'est faite que de Cadavres... Elle annihilerait sa Nature.
L'Orbe est passée prioritaire depuis votre arrivée ici. Le vide dans le Temple de la Mort ne signifie qu'une seule chose. Sirgull est à la recherche du Messager le plus puissant de Niril... et la mort de sa Source de 'vie' va le presser dans ses recherches."

La troupe ascensionna dans les escaliers de Qaïn, gravissant les étages jusqu'au septième. Le trajet se fit en silence et Nephinae demeura en avant, en guidant inconsciemment le reste du groupe, puisqu'elle était la seule à connaître l'école comme le fond de sa poche. Entre-temps, elle jeta un regard en arrière, vers Herken et Farken, puis vers Sylas. Une épine de regret vint douloureusement piquer son cœur en voyant le chaos lentement gagner sur la bande. Si quelqu'un devait prendre la responsabilité de s'assurer que leur équipe soit soudée, c'était elle. Plus question de faire des crises d'enfant, elle devait apprendre à gérer tout ce petit monde pour éviter que ça ne termine en pagaille... Mais maintenant n'était pas le bon moment.

Lâchant un long soupir d'exaspération, Nephinae mit le pied dans la salle, où se dresse l'astrolabe, qui n'est pas différent de la dernière fois où elle l'eut vu. Farken, à l'inverse, se laissera surprendre de sa beauté étrange et ira le voir de plus près, comme elle l'avait fait elle-même la première fois. Prenant ce moment de calme pour rejoindre le demi-elfe, la jeune demoiselle jettera un regard en biais vers ce dernier et se postera tranquillement à ses côtés.

"Mes excuses, pour toute cette histoire."

Chuchotera-t-elle à son égard, avant de le regarder plus sincèrement. Elle avait entendu sa question plus tôt, mais n'avait pas prit la peine de répondre tout de suite parce qu'elle venait de se disputer avec Farken.

"L'exuvie est une affreuse créature, et je n'ai même pas les mots pour décrire cette... Abominable chose. C'est la première création du dieu Niril... Elle est constituée de plusieurs cadavres qui s'entremêlent ensemble, comme un amas de chair nécrosée. Elle cherchera à 'ramasser' ses cibles pour les jumeler à 'elle'... C'est cauchemardesque. Le conte pour enfants m'en donne encore des frissons... Je n'imagine pas ce qu'à vu Farken, le pauvre... Je devrais faire quelque chose."

Termina-t-elle, toujours à voix basse, un instant emportée par ses propres pensées. Une petite mine défaite se dessina bien vite à son visage, tandis qu'elle ralliait ses mains, s'entrelaçant, devant soi. Toutefois, son attention sera arrachée de l'elfe pour se reposer sur le conseil, nouvellement arrivé. Se tournant pour leur faire face, Nephinae les observa se diriger vers le fond et s'avança calmement lorsqu'on lui intima d'entrer dans la pièce. Elle fut d'ailleurs surprise par ce verrou étrange. Incapable d'expliquer le fascinant mécanisme derrière le phénomène. Elle fixera d'ailleurs un moment la porte tout en entrant dans la salle. Refermant la porte avec ses camarades, la brunette se mouva ensuite jusqu'au centre, vite intimidée par les tables surélevées des sept mages l'entourant, mais surtout nerveuse de ce qu'ils auraient à lui dire.

Une femme, que Nephinae connu par le biais de ses cours antérieurs, prit la parole la première. Elle jeta le blâme sur la jeune mage qui ne répondit pas, mais pencha plutôt le menton vers le bas. Consciente que son acte, aussi sincère avait-il été, était moralement inacceptable. Emporter deux inconnus dans un risque qu'elle ne connaissait pas elle-même restait une bêtise, mais heureusement, ils avaient été chanceux.

Les sermons se multiplièrent, via différentes voix, de différentes personnes. Nephinae était prête à entendre sa faute, mais Tarinsel coupa vite les échanges pour revenir sur un sujet beaucoup plus important que le comportement passé de l'ancienne élève. Il mentionna Sirgull, l'exuvie, les morts et un artifact portant le nom de l'Orbe de Vie. Nephinae resta bloquée sur ce nom, les esprits basculés par ses multiples réflexions. Elle demeura silencieuse jusqu'à la fin, mais se permit de poser quelques questions lorsqu'il eut terminé de s'exprimer.

"L'Orbe serait-elle cachée dans les cryptes maudites ? C'est ce que l'ancien conseil serait allé chercher... Avant de mourir."

La rencontre avec le Conseil des mages déterminerait les prochaines actions de Sylas. Selon les informations qu'il obtiendrait, il mesurerait le pour ou le contre sur si sa présence dans le groupe, composé des deux frères, de Nephinae et de lui-même, serait nécessaire. L'absence de cohésion de la troupe commençait à lui faire perdre patience. Faire cavalier seul lui semblait actuellement bien mieux que de se retrouver au milieu de chamailleries ridicules. Rien ne le retenait en ce moment même. Il n'était pas obligé de dépendre de Farken ou de Herken.

Sur un coup de tête, il pourrait les quitter et entamer des recherches sur les Nocturnes de la cité par ses propres moyens. Dans quelques minutes, il en saurait plus sur Sirgull et sur les Morts. Il était donc peut-être préférable qu'il parte à ce moment-là, avant qu'il n'en sache trop et qu'il ne puisse plus faire marche arrière. Moins il en savait sur le Nécromant, moins il aurait envie de s'impliquer dans son élimination. Ainsi, il pourrait s'adonner à ce qu'il savait faire le mieux, la traque de suceurs de sang. Cependant, bien qu'il voulait laisser sa haine des nocturnes le dominer pour quitter sur-le-champ la tour de Quaïn, il n'arrivait pas ignorer le danger qui pesait sur l'humanité.

Sylas inspira profondément puis relâcha un long soupir. C'était décidé. Pour le bien des vivants, il mettrait temporairement de côté sa chasse des Nocturnes. Quitte à voyager et à affronter seul des créatures surnaturelles dans des contrées qui lui étaient inconnues, il fera tout son possible pour arrêter Sirgull. Si son groupe n'arrivait pas à se souder, il ne perdrait pas de temps avec lui. Le demi-elfe était perdu dans ses réflexions, dans un conflit intérieur plus exactement, depuis le début de leur ascension vers le septième étage de Qaïn, et ce fut donc avec une certaine surprise qu'il remarqua l'approche de Nephinae.

Avec un air circonspect, il jaugea du regard la jeune femme pour découvrir ses intentions. Peu importe comment il la regardait, il n'arrivait pas à s'imaginer que cette humaine était une meurtrière. Cependant, Sylas pensa qu'il n'était personne pour la juger. Lui-même n'était pas tout blanc. Il accueillit avec un sourire avenant la réponse de la mage à sa question posée plus tôt et n'eut le temps que de la remercier avant l'apparition du Conseil.

A nouveau, le chasseur de Nocturnes reprit son rôle de simple spectateur silencieux. Il aida dans la fermeture des portes puis se déplaça sans tarder au centre du carré des tables. Ensuite, il se contenta d'écouter impassiblement les différentes révélations et paroles. Apprendre qu'il y avait un moyen de vaincre Sirgull, ici, dans la Cité Impériale, le soulagea. L'Orbe de Vie était l'espoir de l'humanité, mais il restait à savoir où le trouver.

"L'ancien Conseil n'était pas dans les Cryptes pour trouver cet artéfact." Répond la professeure en Ensorcellement.
"L'ancien Conseil s'est perdu en tentant d'agir contre le réveil de Sirgull. Le jour où son héritière a été utilisée par un groupe de nécromants sectaires et qu'Il observait depuis quelques temps... mais dont aucun n'a su voir les véritables enjeux et motivations.
L'ancien Conseil n'a pas prise au sérieux la menace qui s'esquissait pourtant devant Lui. Et Il en est mort." 

"Hum... Le texte que nous avons étudié nous a été rendu disponible il y a encore peu grâce aux Alcyons. Vous savez probablement que les peuples de Galgals ont perdu une grande partie de leurs savoirs manuscrits il y a plusieurs siècles, quand la Grande Earon a pillé le monde.
L'Orbe de vie est le dernier reliquat d'une magie dégénérée vers la nécromancie. Il s'agit d'une puissance blanche et pure... frêle, oubliée et enfermée dans un artéfact. Cachée depuis des centaines d'années...
Ceux qui ont bâti cette cité ont enfermés l'Orbe pour la mettre en sécurité. Cela remonte bien avant la création des Cryptes.
Nous pensons donc qu'Elle est cachée quelque part dans le dédale des sous bassement de la Capitale." Explique Tarinsel en observant tour à tour les quatre étrangers.
"La Capitale doit ce dédale ingénieux d'évacuations des eaux et de circulations secrètes à une famille. Malheureusement ses membres ont été décimé, par le grand Soulèvement de l'an 12 et les rafles successives de ses éléments les plus éminents par les Nocturnes.
Nous n'avons ni plan, ni connaissance de ses étendues... Nous savons une chose, c'est que la Famille qui a bâti ce lieu sous nos pieds y a caché de nombreux secrets."

"Hmf" rit nerveusement Farken. "Qui n'est jamais descendu dans les égouts de la ville gamin-hein ? Ha probablement pas vous dans vos belles robes...
Enfin j'ai vu des trucs là d'ssous et je sais que c'est bien vaste. Mais vous allez me faire croire qu'aucun connard n'est descendu cartographier les lieux depuis l'an 12 ?!"

"Personne qui ne soit revenu vivant ou en pleine santé mentale...
Ces lieux sont arpentés par des groupes de vilains avec lesquels il n'est pas si aisé de parlementer. Certaines zones ont même du être scellées à cause de la levée récente des Morts vivants dans les Cryptes Maudites à leur niveau...
Et il y a ceux qui ne veulent pas que l'on accède à ces secrets."

"Sérieusement ? On parle de qui..."
"Les Masques."
Coupe Herken en attirant à lui les attentions du Conseil et de Farken.
"Mais ces gars sont pas une légende ?"
"Bien sûr que non."
Herken hausse les épaules et dira :
"Je les ai déjà rencontré..."
"Quoi ?!" s'indigne l'assassin en levant la voix dans les aigus et en alourdissant ses épaules.
"Mais comment j'le sais pas !?!"
"Aucune utilité."

"Il semblerait que vous ayez un contacte ?"
"Je ne les ai entrevu qu'une fois au court d'une rencontre commerciale Nocturne. Il y a longtemps..."
"Accepterez-vous d'être émissaires... Vous tous..."
"Attendez." Interrompt Tarinsel. "Je crois que Nephinae n'a rien à voir dans cette histoire, je ne l'enverrai pas à la mort, elle a déjà subit une grave séquelle en massacrant elle-même une enfant !"
"Ils en savent bien trop pour retrouver une vie normale. Pas avant que cette histoire ne soit terminée, Sire Tarinsel. Nous ne sommes pas en Conseil Disciplinaire, mais des actes ont été commis et devront être assumés jusqu'au bout !"
"Alors pourquoi leur demander leur avis ! Puisqu'ils ne sortiraient pas d'ici sous serment !"

Sylas écoutait avec une grande attention ce que chaque personne avait à dire. Il était important pour lui de bien comprendre tous les événements qui avaient abouti à la situation actuelle et comment il était possible de contrer la menace qui planait sur eux. Au début, l'Orbe de vie lui paraissait impossible à trouver en raison de la superficie immense de la Cité Impériale. Cependant, plus la discussion s'étirait, plus il avait confiance en leurs chances de réussite. Leur quête n'était pas impossible.

Les créatures malveillantes tapies sous la Cité Impériale et les Nocturnes ne lui inspiraient aucune crainte. Au contraire, le demi-elfe voyait là une occasion en or pour faire d'une pierre deux coups. En tant qu'émissaire des mages de Qaïn, il pourrait s'approcher de ses ennemis jurés. Le chasseur sera au milieu de ses proies. Sylas n'avait plus aucune raison de reculer. La détermination brillait dans ses yeux. S'éclaircissant la voix pour attirer l'attention sur lui, l'homme aux cheveux blancs prit la parole.

"Nous acceptons d'être vos émissaires." annonça-t-il sans consulter ses compagnons de voyage. "Je me présente, je suis Sylas Crowe. "Nous avions déjà prévu de voir les déviants de la cité pour des raisons qui me sont personnelles et comme vous l'avez dit, nous en savons trop sur la vague de Morts. Nous ne pouvons pas fermer les yeux et reprendre le cours de nos vies respectives." Sylas prit une pause puis posa son regard sur Nephinae et lui parla. "Tu n'es pas obligé de nous suivre. C'est à tes mercenaires que j'ai demandé de rencontrer les nocturnes. Cependant, je ne dirais pas non aux compétences et aux connaissances d'une mage."

Sylas n'avait pas demandé l'avis des deux mercenaires, car il avait besoin de leur aide. Il ne les forcerait pas à le suivre une fois qu'il serait entrer en contact avec le clan des Masques. En ce qui concernait Nephinae, le sang-mêlé lui laissait le choix. De son point de vue, elle était assez grande pour prendre ses propres décisions. Après croisé ses bras contre son torse, Sylas attendit la réponse de l'humaine.

"Ça va, tout ça n'en tient plus qu'à moi, de toutes façons."

Dira sereinement la jeune femme, en observant d'abord les membres du conseil, puis Tarinsel et Sylas, vers lesquels elle envoya à chacun un petit sourire sincère.

"Merci pour votre préoccupation, mais je vais assumer. C'est initialement à cause de moi qui nous en sommes là, aujourd'hui."

S'étant pendant ce temps tournée vers le demi-elfe pour mieux l'observer, Nephinae désigna de la main les deux frères, qui n'étaient pas bien loin d'eux.

"Ces hommes sont à toi, mais je tiens moi-même à apporter mon aide dans cette bataille contre la mort, et accessoirement de vous donner des soins, au besoin. Et puisque nous sommes tous en quelque sorte obligés dans cette histoire, ce sera service contre service, je ne serai donc plus leur employeur."

Revenant face aux sept libres-pensants, la jeune mage se tint droite et entrelaça ses mains derrière son dos, l'expression de marbre. Cachant derrière cet impassibilité une petite nervosité en rapport à l'éventuelle rencontre avec des nocturnes. Elle n'était pas spécialement friande à l'idée de croiser des suceurs de sang et tenait à garder ce liquide bien précieux à l'intérieur de son corps, mais rien que l'idée de retrouver l'Orbe l'agitait déjà et ignorer une telle opportunité l'empêcherait de dormir paisiblement pour le restant de sa vie.

"Il faut donc rencontrer Les Masques... Pas dans les égoûts, par pitié." Se plaint-elle subitement à voix basse et en levant péniblement les yeux au ciel, avant de les rediriger vers le guerrier. "Herken, tu sais où les trouver, n'est-ce pas ?"

Le groupe semblait donc vouloir se porter 'volontaire' pour cette mission. Il aurait été plus compliqué de devoir les obliger à le faire, étant donné leur position respective dans cette affaire...
Qu'ils n'en dorment pas n'était pas le problème.

"Je pense savoir où les trouver... Mais s'ils ne veulent pas se montrer, les lieux seront hmm.. vides."
Répond Herken tandis que son frère croise les bras en détournant le visage, prenant appui sur un pied en sifflant entre ses dents serrées.
"Tss..."
Remarquant la mauvaise tête persistante de Farken, le guerrier se déplacera d'un pas dans sa direction avant de lui ébouriffer le haut du crâne de sa large paluche caleuse.
"Allez ça va, ça va ! On peut y'aller !" Grogne l'assassin en reculant nerveusement.

"Vous allez d'abord prêter serment devant nous... et jurer qu'aucune informations concernant votre mission et la position des Morts, de Sirgull et de ses acolytes, ne seront divulguées à la population de la Cité Impériale." Lance la professeure.
"Nous contenons la panique du peuple en agissant chacun à notre mesure et en nos pouvoirs respectifs. Le peuple a confiance en les puissances qui veillent sur lui. Si vous ouvrez la porte de l'angoisse, alors nous perdrons cette guerre... parce que le chaos dans nos rangs nourrira l'ennemi." 

"Il n'est plus question de vous employer les uns les autres. Vous quatre, êtes désormais à la solde du Conseil.
Si votre mission est menée à bien et que vous nous ramenez l'Orbe alors vous serez récompensés." Ajoute Tarinsel.
"... Toute information est désormais capitale."

"Je jure sur ma vie de servir le Conseil et de ne rien dire sur la mission qu'Il me donne..."
"Je jure également, sur mon honneur, de vous servir et de ne rien divulguer de la mission..."
Après les serments de chacun, et si personne n'a rien à ajouter alors le Conseil laissera partir le groupe.

Nephinae réagit aux informations de Herken en hochant de la tête, mais ira vite juger Farken du regard, qui boudait dans son coin, en plantant ses mains dans le creux de ses hanches. Elle Abandonna néanmoins sa posture à l'instant où le vieil homme, la femme et Tarinsel revenaient sur le vif du sujet. Comme elle l'eut imaginé, logiquement, personne n'engagerait plus personne, ils devenaient une équipe. Tous les quatre possédaient des informations précieuses, qui ne devaient en aucun cas sortir de cette salle ni de la troupe. Puis pour s'assurer d'une certaine loyauté, le conseil promis une récompense si tout se passait bien, à la suite de quoi, les deux frères jurèrent les premiers. Nephinae voulu précéder l'action et, après s'être raclé la gorge, jura à son tour.

"Je prête serment, moi Nephinae Forestdale, sur ma vie et mon honneur, de servir le conseil des mages du nord et de ne rien divulguer de la mission." Tinta-t-elle solennellement dans la salle.

À la fin des déclarations, Nephinae se détacha un pied du petit carré central, tourna le dos au conseil et ira jusqu'aux grandes portes. Elle jettera de là-bas un regard par dessus son épaule pour scruter Sylas.

"Sylas, as-tu besoin de faire des achats, je connais la cité, je peux te montrer quelques boutiques..."

Un demi-sourire se dessina sur les lèvres du demi-elfe. Nephinae n'avait pas hésité une seule seconde à confirmer sa participation. Elle en avait du courage. Quant aux frères, ils avaient accepté sans rechigner la mission qui venait de leur être confiés. L'équipe était donc formée. Il était le dernier à devoir jurer et il n'avait aucune raison de refuser.

"Je jure, sur ma vie, de servir le Conseil des mages et de ne rien divulguer de la mission."

Moins il y avait de gens au courant, moins le risque que la Cité Impériale sombre dans le chaos était grand. Le moment des serments étant terminé, Sylas marcha d'un pas rapide en direction de la sortie. L'expression de son visage était plus dure que d'habitude, sa mâchoire légèrement plus carrée. Il avait l'air pressé de se mettre au boulot, tellement pressé qu'il mit quelques secondes avant de se rendre compte que l'unique femme du groupe venait de lui parler. Il répéta la question dans sa tête puis réfléchit quelques instants. Il aimerait s'acheter de petites choses avant de partir, mais ce n'était rien de bien important dans l'immédiat.

"Non, ça va, j'ai pratiquement tout ce qu'il me faut. Et vous ?" dit-il en tournant ses yeux vers Farken et Herken.

Le groupe prête serment. En réalité il n'a pas vraiment le choix. Avec ce que chacun sait, le Conseil ne peut se permettre de les relâcher sans l'assurance qu'aucun ne parlerait de ce qu'il a pu voir et entendre... Toute cette affaire est trop périlleuse, immédiate et lourde de conséquences, pour que des étrangers laissent fuir la menace en quelques paroles vénéneuses. Que les intentions soient bonnes ou mauvaises, les informations divulguées ne pourront pas avoir d'impact bénéfique sur la population de cette Capitale... et sur les plans d'actions de ceux qui la protègent.

Si Nephinae et Sylas n'ont aucun achat important à faire, alors le groupe pourra quitter la grande tour de Qain.
A l'extérieur, la levée de l'astre inonde les ruelles de ses clartés dorées, s'émancipant des brumes glacées qui nappaient alors les pavés aux aurores.
Le froid se maintient, mais l'air est plus doux sous les rayons du soleil.

La haute sphère de la Capitale, qui s'étend dans la seconde enceinte est sillonnée de troupes de gardes. Ici on ne trouve aucun mendiant, aucun chaland qui ne soit pas des hauts cercles où d'un rang social plus élevé. On y croise quelques étudiants de l'école mais surtout des nobles où assimilés.
Dans cette partie de la ville, l'on veille au calme des citadins... Si quelques larcins ont parfois lieu dans les vastes demeures vidées de leurs jeunesses et hantés de quelques vieillards embourgeoisées et proies faciles, les faits d'indésirables sont assez rares.

C'est un tout autre labyrinthe qui s'offre au regard du groupe et de ceux plus habitués au premier cercle de la Capitale. Les voies sont plus larges, les maisons plus hautes, plus massives, décorées et prestigieuses. Les devantures des tavernes, d'auberges et d'échoppes montrent une face noble et fière. Ici, aucun commerce ne peut présenter moins de trois étoiles... On y trouve la crème de tout ce qui peut se vendre.

Au bout d'un certain temps, Herken lève les yeux sur un portique de métal forgé. Cerclée d'un mur de pierres, l'on entrevoit une demeure au bout d'un petit chemin pavé, bordé d'arbres hauts et dénudés.
Des flambeaux éteints ponctuent la petite route... la porte est ouverte mais gardée.

"Qui va là ?"
Les deux gardes se tiennent au niveau des piliers du portail, deux humains qui, à peine plus tôt, discutaient en racontant quelques farces pour s'occuper...


"Je suis Herken. J'ai longtemps travaillé pour Lion-Leos. Je suis ici pour voir une 'représentation' mais je n'ai pas d'invitation..."

Les deux gardes s'observent l'un l'autre avant de dévisager ceux qui accompagnent l'ancien Combattant.
"Et qui vous dit que le Théâtre est ouvert... Vous ne savez pas que les 'représentations' ne se font qu'à la clarté de la lune ?"
"J'aimerai une séance privée et mes amis sont de la partie."
Répondra plus gravement le guerrier dans un effort de dialogue qui semble le lasser profondément.
A son flanc Farken reste silencieux, la mine boudeuse, égarant son attention sur un décor sans intérêt.
"Vous pouvez entrer... Mais la Maison est vide. Sachez que l'Invisible vous observe et vous juge. Un paiement lourd pourra vous être imposé..." Termine l'un des gardes d'un phrasé incompréhensible pour ceux qui ne savent pas ce que sous entend tout ce charabia...
"Un allé retour suffira, je demande à voir la scène."

Herken se tournera vers ses acolytes et dira :
"Si le théâtre ne fait aucune production alors il faudra revenir plus tard... où chercher les prestations Nocturnes. Personne ne peut voir la Troupe sans invitation et ressortir impunément... alors restez bien vigilants."
Se tournant vers les gardes, qu'il salut respectueusement d'un penché lourd de la nuque vers l'avant, il passe le duo et s'avance.

Si aucun membre n'ajoute quoi que ce soit, le groupe évoluera sur le sentier pavé menant à la demeure des Leto.
La route, ponctuée d'arbres, débouche sur une cour desservant une écurie et une maisonnette réservées aux serviteurs... mais il n'y a pas une âme à l'extérieur.
Devant eux, le visage de la demeure s'élève sur trois étages de pierres blanches et lisses. Toutes les fenêtres sont occultées par un volet de bois.
La maison parait totalement inhabitée.

Un escalier à deux bras monte vers une entrée laissée fermée mais non verrouillée. Au dessus de la porte en ogive, un blason représente un maillet et une pige gravé sur la clé de voûte en pierre.
Herken ouvrira la porte sans gêne et sans frapper.

A l'intérieur du manoir, un vaste hall dallé en damier noir et blanc donne l'accès à un nouvel escalier de marbre clair. Les marches montent en épousant la base carrée d'un puits de lumière, s'élevant sur trois étages, s'ouvrant vers la toiture en une verrière fermée de draps tirés.
La clarté de quelques chandelles dévoile les tapisseries qui recouvrent les murs. Les tentures sont obscures et détaillent quelques scènes de chasses... de rencontres amoureuses... des banalités de la vie quotidienne des humains, en somme.

A leur gauche, Nephinae, Sylas, Farken et Herken aperçoivent une porte ouverte donnant sur un long salon vide, traversé d'une table sans couvert et au flanc de laquelle se tiennent plusieurs chaises de très bonne facture. Dans le fond un grand âtre se meurt de quelques braises, proposant des canapés et des assises confortables... mais il n'y a toujours 'personne' en vue.
Les autres portes qui peuvent être desservies par le hall sont closes et verrouillées.

La mage enjamba le pas de ses acolytes, ils quittèrent les enceintes de la tour pour rejoindre les artères dallés de la capitale. Ils évoluèrent jusqu'à la deuxième enceinte, où la clarté du soleil tapissait les remparts et le pavement de la cité, colorant de son aura doré les décors animés de gens. Le paysage faisait rêver, voir jalouser. Des maisons aux riches allures se rangeaient de chaque côté de la vaste ruelle et s'ouvrait sur un espace commercial où étaient présentés divers commerces.

Plus loin, les quatre aboutirent finalement devant un portail de métal, celui-ci découpé dans un mur de pierres. Deux gardes se dressaient devant ses piliers et regardaient maintenant le petit groupe d'aventuriers. Coupés dans leur conversation, ils n'avaient pas l'air ravis de les trouver là. Nephinae préféra se terrer dans le silence et demeura plutôt tranquille. Accessoirement distraite par son sentiment de réticence vis à vis des lieux.

Ce que dira Herken laissera la jeune femme mitigée. Elle n'était pas certaine d'avoir compris leur échange, mais prit en note son avertissement et resta aux aguets. L'important fut qu'ils avaient désormais accès au chemin de pierres. Néanmoins, plus ils s'avançaient sur le petit sentier, moins elle se sentait rassurée. Puis, plus de Farken pour la protéger, et Herken n'était pas bien loin de lui. Elle dû se réfugier aux flancs de leur nouvel ami; Sylas. Si elle avait été combattante, Nephinae ne serait pas aussi frileuse face au danger, mais dans l'instant, son cure-dent lui servant de dague ne lui apportait pas beaucoup d'assurance.

Une prestigieuse maison se dessina devant eux, présentant à ses pieds un petit escaliers menant à une porte à la nervure saillante. Par laquelle Herken pénétra la bâtisse. À l'intérieur, un nouvel escaliers, de marbre, traversait la pièce pour aller mourir au deuxième étage. Un puits de lumière poignardait son centre et éclairait ses alentours. Aidé de chandelles, qui elles répandaient leur lumière pour révéler les tapisseries des murs, sur lesquelles avaient été transformées en œuvres d'art certaines activités humaines.

Stupéfaite par l'architecture saisissante de la maison, Nephinae resta un moment bouche-bée en admirant ses traits. Elle se permettra d'avancer lentement vers les rampes de l'escaliers pour toucher sa texture lisse, avant de se laisser distraire par la porte s'ouvrant sur un grand salon. Son propriétaire était-il nocturne ? Une telle richesse, gaspillée entre les mains d'un suceur d'un sang. Impossible maintenant d'essayer de charmer un riche daron pour sa fortune.

Mais de toutes façons, c'était pas son genre de passe-temps et elle ne savait pas du tout draguer.

Soit. Nephinae était là, à fixer la pièce à demi-noyée dans un voile d'obscurité, seulement éclairé par une braise se mourant au fond du foyer. Elle s'y avancera curieusement. Pas de trace de personne, mais un feu avait été allumé récemment. Les nocturnes ne pouvaient possiblement pas s'éveiller le jour, d'après-elle. L'activité venait donc soit d'un humain ou de la nuit précédente. Avant de traverser la porte, elle décida d'y jeter un coup d’œil plus attentif et d'ouvrir l'oreille.

Compétences:

Avant de quitter pour de bon les alentours de Qaïn, Sylas jeta un dernier regard derrière lui, vers la tour. Il se jura mentalement de revenir victorieux puis fit une courte prière à l'intention de Seri. On disait que la déesse avait abandonné ses enfants, mais en ce moment même, le jeune homme avait plus que besoin de sa présence. Il mit ensuite sa capuche sur sa tête avant de suivre les pas de ses camarades.

Le changement de paysage n'échappa pas à l'attention du demi-elfe. L'impression de richesse qui se dégageait de la seconde enceinte le laissa de marbre. L'argent, le pouvoir et la renommée n'intéressaient pas le chasseur de nocturnes. Il n'avait qu'une obsession qui n'était connu que de lui. De son point de vue, les mercenaires n'étaient pas assez dignes de confiance, surtout Herken. Il n'arrivait pas à digérer le fait qu'un humain ait pu travailler pour un nocturne. C'était inacceptable à ses yeux.

De plus, les serments n'étaient que des paroles en l'air pour certaines personnes. Un coup de couteau au moment le moins attendu pouvait arriver n'importe quand. Toutefois, pour le moment, Herken semblait quelque peu fiable, car il avait conduit le groupe jusqu'à l'un des repères des Nocturnes. Ses bras croisés contre sa poitrine, Sylas assista à l'échange entre l'humain et les deux gardes. Les sous-entendus lui firent bien comprendre que le groupe était au bon endroit.

Contrairement à Herken, le sang-mêlé passa à côté des sous-fifres sans leur prêter attention pour avancer vers la demeure. Tous ses sens étaient en alerte. L'ennemi qu'on ne voyait pas était le plus dangereux. Ses yeux ne s'arrêtèrent pas de balayer tout ce qui l'entourait jusqu'à tomber sur un blason un peu familier. Ses sourcils se froncèrent. Un maillet et une pige ? Il avait vu ce symbole sur quelqu'un d'autre. Il ne pouvait pas y avoir de coïncidence. L'individu auquel il pensait et les Leto étaient forcément liés.

Cependant, il n'eut pas le temps de s'attarder plus longtemps dessus car l'un de ses compagnons était déjà rentré dans le manoir. Sylas pénétra à son tour à l'intérieur et avança sur le qui-vive vers la porte où se tenait Nephinae. Il posa une main sur l'épaule de la jeune femme, comme pour l'inviter à le laisser passer devant, puis examina la porte à la recherche de pièges.

Spoiler:

Le groupe pénètre cette demeure aussi luxueuse que vide et poussiéreuse. Hors les quelques flammes qui éclairent ses entrailles, la Villa reste figée dans le temps et l'immobilité.
Ce grand hall, ce long salon... personne à l'horizon ?
En levant les yeux dans l'entrée, Nephinae se rend compte que cette Maison n'a rien d'un abri pour Nocturnes... Sans savoir à quoi ressemble les lieux de vie de cette Espèce, elle sent comme une sorte de dissonance à la vue des lieux. Des fenêtres partout, des baies vitrées... A quoi s'attendait-elle ? Une maison hanté ? Cloitrée et totalement désaffectée au milieu de ces riches quartiers ?
Viennent-ils de tomber dans un piège, malgré les 'connaissances' qu'Herken a de ce Clan mystérieux de Deviants vivants ici... Les gardes ont parlé d'un 'tribut' d'un paiement imposé et d'un Invisible qu'il les jugerai...
Ici, tout être vivant devrait se sentir menacé ou proie en devenir.

Lorsque la troupe déambule dans le long salon, qu'elle évolue au flanc de cette table sans couverts ni hôtes, elle fini par rejoindre la vaste cheminée mourante du fond.
Nephinae ne perçoit absolument rien... Au mieux, c'est un sifflement interne qui lui parvient et qui occulte le silence entourant le groupe.

Fichée dans le mur au côté de grande tapisserie, l'âtre éclaire doucement quelques fauteuils et banquettes, invitant le passager à la regarder mourir; comme un parent prendrait place au chevet de son aïeul pour écouter ses derniers soupires...

Juste au dessus de ce foyer une nouvelle marque attire l'attention. Il s'agit encore du sceau des Leto taillé en relief, entre les obscurités des fenêtres occultées de volets en bois et les faibles lueurs ocres de l'âtre.
A cet instant, le Nephinae laisse un savoir remonter à la surface de ses esprits. Les Leto. Il s'agit d'une famille fondatrice de ces quartiers luxueux et largement mise à contribution dans l'élaboration des Cryptes aujourd'hui Maudites.
Cette famille aurait été totalement rayée de la surface du globe à la révolution de l'an 12. Ses nombreuses demeures ont été pillées et détruites... ne reste que celle-ci, l'une des principales, revendue à une troupe théâtrale.
Pourquoi les Masques ont fait ce choix de s'installer ici ?

Les Leto ont été de grands architectes Humains. L'on dit aussi qu'à presque chaque génération, les plus talentueux d'entre eux ont finit par 'disparaitre'.
Cette demeure n'est pas qu'une maison qui les a vu naître et évoluer, elle cache de nombreux secrets en son sein et les Masques ne l'auront pas choisie pour rien ?

Une détection dans la salle fait remarquer à Sylas un mécanisme caché; sous le pied de l'une des chaises en bout de table.
Si Sylas tire sur cette assise comme s'il voulait s'y asseoir, il déclenchera quelque chose, à coup sûr. Mais quoi ? Le demi elfe peut en être certain, sa connaissance des pièges lui fait repérer un mécanisme mais pas de piège...

Farken vient s'installer lourdement sur un des fauteuils faisant face à l'âtre. Il se laisse choir dans un soupir alliant lassitude et bien-être, sous l’œil décontenancé de son frère.
"Qu'est-ce que tu fais..."
"J'attends. Tu veux faire quoi d'autre, te tailler une veine pour appâter le fauve ?"
Le guerrier roule des yeux avant d'observer ses deux autres acolytes.

Prudence était mère de sûreté. Sylas se glissa dans la pièce en premier pour y entamer un examen minutieux. Il fit mine de contempler les décorations murales et les différents meubles pour ne pas éveiller de soupçons. Personne ne savait si le groupe était observé en ce moment même. Il fronça des sourcils lorsque Farken se laissa tomber sur un fauteuil, mais il ne se laissa pas distraire. Finalement, ses efforts finirent par payer. Cependant, ce n’était pas un piège qu’il avait trouvé, mais un mécanisme dissimulé.

Le demi-elfe n’hésita pas une seule seconde à tenter quelque chose. Il tourna le dos à la table, s’avança d’un pas puis s’étira. Ensuite il fit semblant de vouloir s’asseoir sur la table et de la manquer de quelques centimètres. Ayant perdu un peu de son équilibre ainsi, il posa derrière lui, l’une de ses mains sur la table et l’autre sur la chaise particulière pour se remettre sur ses pieds, et actionna le mécanisme au passage. Il osait espérer que son jeu d’acteur d’homme maladroit avait convaincu des potentiels spectateurs.

La troupe ne semble pas être en moyen d'inviter plus que par sa simple présence la venue de leurs hôtes... Si Farken se prélasse, lasse dans son fauteuil, Herken tourne doucement sur lui-même en observant les murs. Si bien que le petit jeu de Sylas passe inaperçu pour les deux frères.

Un cliquetis se fait entendre suite à la 'bousculade' volontaire du demi-elfe vers la table. Le mécanisme activé de la chaise tient l'assise en arrière sur ses deux pieds, tirant quelques barres et poulie métalliques, cordes et pignons dissimulés.
En suite de ce tintement chantant, un grondement, un raclement sourd raisonne dans les tréfonds du sol, comme un gargouillis, comme si la Villa se mettait soudain à ronronner depuis sa torpeur.

Face à Farken, les flammes mourantes frissonnent et chancellent pour pivoter. L'âtre se met à obliquer sur un axe central, dévoilant un passage obscure caché en arrière de la cheminé.
Un souffle d'air glacé se met à courir vers l'assassin qui se crispe et se replis sur l'assise, remontant ses genoux et ses talons contre le coussin qui soutenait son séant. Mains crispées aux accoudoirs, il fixe le passage ténébreux et souffle un :
"Putain d'merde..." exhaustif.

L'attention d'abord portée sur Sylas, Herken est rapidement amené à biaiser le regard en direction du foyer déplacé... mais il reste silencieux. Et lorsque le raclement cesse enfin, que tout mouvement s'épuise dans l'obscurité maintenue du salon, un murmure s'élèvent autour des murs. Le souffle des voix ne révèle pourtant aucune présence physique dans la pièce... Le chuintement semble venir de toute part, invisible, dissimulé.

"Roah sérieusement les mecs !" Soupire Farken dans un excès de fatigue, relâchant probablement une tension de peur soudaine. Le frisson qui lui descend le long de la nuque se fige aux épaules :
"J'crois pas aux fantômes et je commence à avoir la dalle... On s'casse." Lâche-t-il d'une voix plus tremblante, entre colère et crainte révélée.

Nephinae s'était avancée de quelques pas pour gagner le salon, mais Sylas, alors qu'elle passait le cadrage de la porte, la rattrapa pour passer devant. Geste duquel elle répondu simultanément d'un fragile hochement de tête. À défaut de pouvoir exprimer sa gratitude en l'instant présent, Nephinae se contenta de biaiser un petit regard adoucit vers le demi-elfe, mais ce dernier ne le verra pas. Elle appréciait ce courage et cette galanterie naturels, puisque les hommes comme Farken ne les possédaient qu'en échange de quelques pièces d'argent, et encore.

Dans cette obscurité ambiante, la troupe finit par s'installer au salon. Herken relookait distraitement les tapisseries et les décors de la pièce, Farken se prélassait sans vergogne sur un siège. Pour Sylas, Nephinae était restée en retrait afin d'observer plus attentivement le symbole gravé sur le mu. Elle ne remarqua donc pas l'acrobatie préméditée de ce dernier. À la place, Nephinae creusa dans ses souvenirs, à la recherche d'informations à propos de ce symbole. Il lui ravivait un sentiment de déjà-vu, une mémoire ancrée quelque part dans les tréfonds de ses esprits. Puis, eureka, les images apparurent en un éclair. Nephinae savait où elle avait vu ce signe. Dans ses livres d'histoire à l'école. Les Leto fut jadis une puissante famille. Décimés en l'an 13... 12 ? 12. Pourtant, elle était certaine que leurs demeures entières avaient été brûlées, pillées, détruites... Elle ne se souvenait pas qu'il en restait une dernière, encore vivable. Pourquoi ce groupe avait-il décidé de garder cette maison ? Pourquoi n'avait-elle pas été pillée puis détruite comme les autres ?

Comme l'avait mentionné cet homme du conseil, la famille des Leto avait été auparavant puissante pour sa co-fondation de la ville, mais surtout pour ses architectes doués. Des architectes de talent qui se mirent tous à disparaître, les uns après les autres. Et si elle pouvait se rappeler plus clairement, ils furent à l'origine de l'élaboration des cryptes maudites. Se pourrait-il que cette troupe théâtrale nocturne ait volontairement prit possession de ce manoir, spécifiquement ? Les nocturnes ne vivaient pas le jour, mais il y avait des fenêtres partout, de la lumière à profusion. Ces nocturnes devaient s'être cachés dans les souterrains de la maison. Les Leto n'étaient pas de grands architectes pour rien...

Et en pleine réflexion, Nephinae fut distraite par le déclenchement de cet étrange mécanisme. Sylas avait fait quelque chose, mais elle ignorait quoi. S'étant retournée vers lui, elle fut témoin de cette cheminé animée, qui s'ouvrit sur un passage secret. Cette histoire était effrayante, mais Nephinae pouvait presque jurer qu'elle en tirait un certain plaisir. Ça, si on soustrayait cet irritant sifflement au crâne.

Farken réagit le premier, quant à Herken, il restait impassible comme d'habitude. Nephinae prit cette chance pour devancer le trio et poser la paume contre le rebord de l'ouverture. Elle se pencha lentement vers l'avant et jeta un regard de dédain par dessus son épaule vers l'assassin, avant de s'engouffrer dans ce passage bien mystérieux... Ils étaient obligés de faire ça, maintenant. Autant conclure cette histoire le plus rapidement possible.

Un petit sourire incontrôlé se forma au coin des lèvres du demi-elfe. Sylas observa avec satisfaction le passage secret apparaître sous ses yeux. Il n'éprouvait aucun regret pour avoir actionné le mécanisme. L'action était nécessaire pour avancer et en raison de son aversion pour les Nocturnes, le chasseur n'avait pas eu la patience de les attendre. Ces derniers n'avaient pas daigné recevoir le groupe. Par conséquent, Sylas avait pris les devants. Avec ou sans l'aide de ces ignobles créatures, il obtiendrait coûte que coûte les secrets dissimulés dans le manoir.

Cependant, tous les membres de la troupe ne semblaient pas enjoués à l'idée d'explorer les tréfonds de la demeure. Le sang-mêlé s'apprêta à encourager Farken, mais remarqua le déplacement rapide de l'unique femme de la bande puis le regard plein de dédain qu'elle jeta au mercenaire. Ce simple et petit regard voulait tout dire. Sylas étouffa un rire moqueur qu'il voulait discret avant de rejoindre Nephinae. Il était certain que l'assassin ne se laisserait pas ridiculiser par une adolescente. S'il avait une once de fierté, il les suivrait.

En revanche, l'empressement de la jeune fille inquiéta le combattant. Il voyait en elle sa propre propension à prendre des risques. Elle n'était pas taillée pour le combat et l'observer plonger dans un chemin obscur fit trembler son corps. Comme un grand frère se lançant à la rescousse de sa petite sœur, il courut presque pour l'arrêter avant qu'elle n'aille trop loin dans le passage. Lorsqu'il se trouvait en lieu inconnu, le tueur de nocturnes faisait preuve d'une méfiance exacerbée qui frôlait la paranoïa.

"Laisse-moi passer devant." dit-il avec une voix avenante. "Je saurais reconnaître des pièges s'il y en a, et avoir du sang d'elfe a ses avantages, comme voir dans le noir comme en plein jour."

Si Nephinae n'y voyait aucun inconvénient, Sylas passerait devant, sortirait son épée puis avancerait dans le passage. Ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait dans pareille situation, à se lancer dans l'inconnu, mais il restait un aventurier débutant. Il mentirait s'il venait à dire qu'il n'avait pas peur à ce moment-là, mais il avait appris à la dominer. S'il n'avait pas appris à la vaincre, jamais il n'aurait choisi de devenir chasseur de nocturnes et surtout, jamais il n'aurait eu le courage d'être là.

Compétences utilisées:

L'âtre pivote d'un quart de cercle dans l'encadrement de la cheminée et un passage se dévoile. L'obscurité qu'il renferme incite Sylas à y passer le premier, préférant devancer Nephinae pour la sauvegarder d'éventuels pièges et d'évoluer de tête dans l'obscurité.

Si Farken capte l'attention dédaigneuse de la jeune fille à son encontre, il la dévisagera d'un œil rond et stupéfait, détendant sa posture crispée avant de rouler du regard vers son frère. Herken suit le mouvement sans une remarque, ce qui engagera l'assassin à s'exécuter... et à fermer la marche.

Le regard de Sylas, habitué aux ténèbres, est surtout efficace en extérieur. Lorsque la nuit est tombée sur la forêt et sur les plaines, que la faible lueur des étoiles pointent, il est seul à y voir clair comme le jour. Mais dans un souterrain clos et sans clarté, l'œil de son espèce ne peut espérer transpercer une totale obscurité.

Le cadre assez bas de la cheminée poussera chacun à se courber pour avancer. Une fois passé de l'autre côté de la dalle, les quatre comparses pourront se redresser.
Dans leurs dos, les flammes lèchent le passage d'une lueur faible et vibrante, offrant malgré tout à Sylas un champs de vision plus étendu que celui de ses compagnons. Sous leurs pieds, les pavés de la salle commune se prolongent dans un couloir large de deux mètres et haut de trois. La troupe peut évoluer à flanc en deux par deux, ce qui permet à Farken de rejoindre la zone gauche et libre de son frère.

Au bout de trois mètres d'avancée, le quatuor devra descendre un escalier en colimaçon fermé, suivant un axe de pierre centrale sur une trentaine de marches.
Les ténèbres s'épaississent et chacun redoublera de prudence en tâtant du pied la marche suivante afin d'y assurer sa bonne descente.

L’œil de Sylas atteint sa limite de vision nocturne au dernier virage... juste avant qu'une flamme ne ravive son attention.
Dans le corridor suivant, une rangée de flambeaux apporte une lueur rassurante autant qu'oppressante. Le tunnel de pierre taillées et de forme rectangulaire s'étire droit devant eux... jusqu'à ce qu'un haut rideau de tissus épais, rouge-pourpre, ne leur bloque la vue.

Là, Sylas va probablement s'arrêter, puisqu'il remarque à deux mètres du haut tissu, un trou dans la pierre de chaque côté du passage... et cinq du même type au dessus de leurs têtes.

Chaque percée n'est pas plus grosse qu'une pièce d'or et se recouvre d'une grille en passoire et en partie poudrée de blanc. A hauteur d'homme, Sylas n'a pas besoin de se hisser ou de se pencher pour observer ces deux petites et étranges percées aux flancs du groupe... Quant à cette qui se trouvent au dessus de leur tête, il pourrait probablement espérer les toucher du bout du doigt... mais elles sont clairement semblable aux deux autres.
Aucune odeur ne s'en dégage, aucun mécanisme ne semble pouvoir activer quoi que ce soit sur le sol... au ailleurs...
Ne reste que ce rideau épais et ondulé devant eux.

Les deux frères étaient finalement toujours de la partie. Dans le cas contraire, Sylas n'aurait pas manifesté son mécontentement. Il aurait continué la découverte des profondeurs du manoir en compagnie de Nephinae. De plus, il n'aurait pas réfléchi une seule seconde à si les laisser en hauteur était une bonne idée, car sa curiosité avait pris le dessus sur sa raison. Cependant, il n'avait pas à se soucier de questions de ce type vu que les mercenaires avaient choisi de les suivre, un peu sous la contrainte en ce qui concernait Farken.

Le demi-elfe fit attention à où il mettait les pieds. D'horribles histoires de morts brutales provoquées par le déclenchement d'un piège par inadvertance lui étaient venues à l'esprit, et le jeune homme avait tout sauf envie de mourir dans ce lieu obscur. En outre, il regretta vite sa vantardise quant à sa vision presque parfaite, peu importe la luminosité. Comme ceux d'un humain lambda, ses yeux n'étaient vraiment pas à l'aise dans cet endroit clos et très faiblement éclairé.

Pour autant, il parvint à mener sans encombre son groupe jusqu'à un dernier virage bien trop sombre. Le sang-mêlé fronça brièvement des sourcils avant de remarquer une flamme. Cette nouvelle source de lumière le poussa à poursuivre son avancée. Il était toujours déterminé à avancer quoi qu'il arrive... Mais un étrange rideau pourpre et des percées dont il ignorait l'utilité vinrent entamer sa volonté. Il fit signe à ses compagnons de s'arrêter pour leur poser une question.

"Vous savez à quoi peuvent servir ce rideau et ces percées ?" leur demanda-t-il avec perplexité. Il essayait de réfléchir à l'utilité de ce tunnel. Qu'est-ce qu'il pouvait cacher ?

Compétences utilisées:

Si, au début, Nephinae n'avait eu de peine à se jeter tête première dans le néant de cette cheminée, désormais, elle commençait sérieusement à regretter son geste. Ce dernier tournant à l'aveuglette suscitait chez elle un début de claustrophobie, en plus de nourrir sa peur du noir. Cette toute récente routine qu'était de s'enfoncer dans les entrailles de la terre ne faisait pas bon ménage avec ses nerfs, décidément.

Accessoirement, ils furent contraints de stopper la marche devant un suspicieux rideau rouge et - selon les observations du demi-elfe - au flanc de petits trous dans la pierre. Si Sylas n'avait pas été là, la mage n'aurait pas remarqué ces étranges cavités à la circonférence pas plus longue qu'une pièce d'or. S'agissait-il de pièges ? Dépourvue de connaissances en la matière, la guérisseuse ne pouvait déterminer le rôle de ces petits trous. Néanmoins, elle pouvait toujours tenter de démêler les mystères, aidée de Sylas.

"Le rideau sert peut-être à cacher quelque chose, ou déclencher quelque chose si on le déplace. Que sais-je... Pour les trous, je... N'en ai pas la moindre idée. Mais regarde, il y a de la poudre dessus et des grilles. Du poison ? Du feu ? Une voie d'aération ?"

Haussant d'abord les épaules, mitigée, la jeune femme prit le temps nécessaire pour vérifier avec une plus grande attention les environnements, si elle pouvait trouver quelque chose qui en dirait d'avantage sur ces trous. Toutefois, comme elle ne s'y connaissait pas beaucoup, ses recherches seront peut-être futiles...

Compétences: